Nous sommes partis tôt de l'hotel car il n'y avait que peu de trains express pour Agra, et si nous voulions avoir le temps de visiter le Taj Mahal et la ville d'Agra - réputée pour son marbre - il nous fallait arriver sur place dans la matinée. Aussi, Samedi marquait la fin de notre voyage en Inde car notre avion retour décollait de l'aeroport de New Delhi plus tard dans la soirée.
Nous avons pris un taxi pour la gare et sommes arrivés une bonne dizaine de minutes en avance. Au milieu du chaos et des vaches, nous avons trouvé notre quai et sommes montés à bord du train climatisé qui nous a mené au sud de New Delhi, dans la ville d'Agra. Le train m'a rappelé les vieux trains couchette que je prennais étant ado pour monter de Nice a Paris. Il n'y avait pas de sièges dans notre wagon, uniquement des banquettes dans des compartiments. Pas de wagon bar, mais quelqu'un est passé proposer des petits dejeuner - à première vue des curries - ainsi que des boissons fraiches. À l'extérieur on pouvait voir défiler des maisons parfois sans toît, souvent sans fenêtres. La banlieue de New Delhi est pauvre et poussièreuse, mais les indiens, comme à leur habitude, y apportent des couleurs vives et leurs sourires.
En sortant de la gare nous avons cherché un tuk-tuk afin de rejoindre le Taj Mahal. J'étais vraiment impatiente à l'idée de voir ce monument; j'en rêvais depuis toute petite. Le chauffeur de tuk-tuk a essayé de nous convaincre de le réserver pour la journée mais comme nous n'étions pas certains de notre programme - une copine de ma formation de yoga était egalement à Agra et on s'était dit qu'on essayerait de se voir - nous avons décliné l'offre. Comprenant qu'il ne pourrait pas tirer de nous plus que les 300 roupies sur lesquelles nous nous étions entendus au préalable, notre chauffeur nous a laissé à l'une des portes du monument qui était en réalité désormais fermée. Nous avons du continuer à pieds jusqu'à l'entrée principale - la porte Est - et la billeterie.
Il est strictement interdit d'apporter de la nourriture dans l'enceinte du monument. J'imagine pour conserver l'endroit propre et sans détritus. Les sacs sont méticuleusement fouillés et si par hasard un paquet d'amandes s'était caché entre votre appareil photo et votre porte feuille, vous seriez invités à retourner au vestiaire près de la billeterie pour y déposer l'objet du délit. On ne rigole pas avec les noix. L'entrée se fait par un jardin, et au départ, le Taj Mahal n'est pas visible immediatement. On commence à l'appercevoir au travers de la grande porte qui donne sur un second jardin, magnifique, tout en longueur, avec des arbres et de grands bassins rectangulaires, dans l'alignement parfait du mausolée.
Le momument est déja magnifique de loin. Nous avons marché le long des bassins, en s'arrêtant de temps en temps pour prendre des photos, parfois encore pour se faire prendre en photo par des indiens (qui cette fois ont demandé avant de me photographier) parce que certains d'entre eux n'avaient encore jamais vu de touristes européens ailleurs que dans les médias. Le Taj Mahal attire les touristes indiens en premier lieu ainsi que des gens du monde entier. Pour une raison que j'ignore encore, au moment de monter les marches en marbre du bâtiment, on nous a demandé de rejoindre la queue des non-indiens. Je ne comprends pas exactement pourquoi les indiens avaient une queue différente (il en était de même à la billeterie) et pourquoi nous étions classés par nationalité (et non par âge ou handicap par exemple, pour laisser passer les personnes âgées en premier). Il était également demandé à tout le monde de protéger ses semelles en enfilant une sorte de bonnet par dessus nos chaussures. J'ai préféré marcher pieds nus (n'oublions pas que je venais de passer 3 semaines et demi pieds nus sur mon tapis de yoga) sur le marbre chaud du Taj Mahal. Ca va surement sembler très hippie, mais je suis tellement fascinée par cet endroit que je voulais m'y sentir encore plus connectée. Or j'ai decouvert que marcher pieds nus procure cette sensation de connection. Nous avons traversé le monument et tout était magnifique. Il n'y a pas vraiment de mot pour décrire la beauté, la précision, l'élégance et le raffinement de cet endroit. Un vrai travail d'orfèvre. On aurait cru de la dentelle en marbre parsemée de dessins végétaux. Tout était d'une finesse incroyable.
La visite nous a menée a l'extérieur du bâtiment, tout autour du mosaulée. Un paysage bien moins charmant nous était offert lorsque nous regardions de l'autre côté: des tonnes et des tonnes de détritus à perte de vue. Une véritable décharge à ciel ouvert qui s'étandait sur des kilomètres. Et c'est ce qui m'a le plus frappé en Inde: à quel point la beauté et l'élégance peuvent cotoyer la misère et la saleté. Un tel contraste laisse pantois.
Après être sortis nous avons voulu rapporter quelques souvenir des boutiques avoisinantes. Agra est reputée pour son marbre et il y avait effectivement de tres jolies choses dans les magasins aux alentours. J'avais repéré une jolie boite à bijoux et Mick, un pilon pour broyer les épices. Cette fois-ci nous avons tenté de negocier correctement. Et quand on ne cède pas, ca fonctionne! Au final nous avons payé 70% de moins que ce qui nous avait été demandé au depart. Nous nous sommes rendu compte une fois à l'aéroport que ce que nous avions payé correspondait plus au prix d'un magasin d'état que ce qui nous avait été demandé au depart. Comme quoi, il faut parfois insiter (ou bien accepter de se faire avoir).
Le reste de la ville d'Agra est très pauvre et poussièreux, et son indice de pollution est quasiment aussi élévé que celui de New Delhi. Nous avons marché dans les ruelles, croisé des enfants qui jouaient dans la rue, jusqu'à l'auberge de jeunesse dans laquelle résidait ma copine Martha. Sur le toît de l'auberge de jeunesse il y avait une terrasse depuis laquelle on pouvait voir toute la ville ainsi que le Taj Mahal. Nous y avons pris une bière locale avant d'entammer notre retour vers la gare d'Agra, puis vers New Delhi.
De retour à l'hotel on nous a permis de prendre une douche dans le spa afin de se changer et de se préparer au long vol retour qui nous attendait. Le personel du Lalit hotel a vraiment été adorable avec nous. Vers 21h nous avons pris notre dernier taxi en direction de l'aéroport. Et c'est ainsi que s'est achevé notre voyage en Inde. Bien que je ne regrette pour rien au monde d'avoir eu la chance de visiter le Taj Mahal, je ne pourrais pas dire que je reviendrai à New Delhi. Cette ville est trop intense et trop polluée pour moi. Je dois beaucoup à mes 3 semaines et demi de yoga et méditation qui m'ont permise de rester calme et de faire abstraction du chaos environnant. Mais je retournerai définitivement à Goa. J'ai adoré les personnes que j'y ai rencontré, les plages, la nourriture. Je m'y suis sentie en paix pendant 3 semaines et demi, complètement déconnectée, et quand on y pense, dans nos vies aujourd'hui, pouvoir dire qu'on se sent en paix quelque part n'a vraiment pas de prix.